Archives de la société Electrabel - Deuxième versement
Conservées aux AGR depuis 2008.
Traitement : par l'AVAE, entre 2006 et 2008.
Masse : 230 mètres linéaires, 1.620 articles.
Inventaire : non publié (BRION, R et MOREAU J.-L., BRION, R et MOREAU, J.-L., Inventaire des archives de la société Electrabel (deuxième versement), 1898-2005).
Dates : les archives couvrent la période 1898-2005.
Historique de l'entreprise
L'histoire de la société Electrabel est celle de la concentration progressive des sociétés privées du secteur électrique belge. Ses racines les plus lointaines remontent à 1898, date de fondation de la Compagnie Électrique Anversoise (C.E.A.), concessionnaire de l’éclairage électrique à Anvers.
En 1903, la Compagnie de Traction Électrique sur les Voies Navigables fonde une société régionale d'électricité : la Société Centrale d'Électricité du Brabant (C.E.B.), qui reprend une centrale existante à Oisquercq, dans l’Ouest du Brabant wallon. Cette société nouvelle participe elle-même en 1911 à la fondation, par la Banque d'Outremer de la société Centrales Électriques des Flandres (C.E.F.), qui sera active dans la région de Gand. Dès 1912, les C.E.F. ont obtenu la concession de l'électricité dans 17 communes de la banlieue gantoise. Une centrale est érigée à Langerbrugge et mise en service en 1914.
Dans la région d’Anvers, la C.E.A., la Compagnie Mutuelle de Tramways et sa filiale, la Compagnie Générale des Tramways d'Anvers, s’associent en 1905 pour constituer une nouvelle société régionale d'électricité, la Société d'Électricité de l'Escaut (S.E.E.). La S.E.E., noyau de la future société Ebes, construit une centrale à Merksem de 1906 à 1908.
Durant les années 1908 à 1914, la société S.E.E. acquiert la concession pour la distribution publique de l’électricité dans 24 communes de la province d’Anvers. En même temps, des contrats de fourniture importants sont passés avec des organismes dépendants soit de l’État, soit de la Ville d’Anvers.
En 1921, la province de Flandre orientale organise en collaboration avec la société Centrales Électriques des Flandres l'électrification intégrale de son territoire. De son côté, la S.E.E. étend progressivement sa zone d’activité aux communes du nord de la province d’Anvers et à une douzaine de communes du pays de Waas.
En 1925, la Société d’Électricité et Traction prend le contrôle de la Société d'Électricité de la Campine, fondée par les charbonnages du Limbourg. Dotée de nouveaux moyens, la Société d'Électricité de la Campine entreprend la construction d’une « supercentrale » à Mol. Elle entame l'électrification systématique d'une des régions les moins électrifiées encore de Belgique.
En mars 1927, le groupe S.G.B.E.E. et la Société d'Électricité de l'Escaut (S.E.E.) décident de créer une filiale commune destinée exclusivement à la production d’électricité : la Société Générale Belge de Production d'Électricité, alias Interescaut. Une « supercentrale » est établie à Schelle, au confluent du Rupel et de l'Escaut. En 1928, les deux sociétés C.E.F. et C.E.B., financées par les mêmes groupes, fusionnent sous le nom de « Centrales Électriques des Flandres et du Brabant » (C.E.F.B.).
Sous la pression du Comité de Contrôle (regroupant syndicats ouvriers et patronaux), la concentration du secteur électrique s'accélère après 1955. En 1956, la S.E.E. (Société d'Électricité de l'Escaut), qui exploite une centrale à Merksem fusionne avec la société C.E.F.B. (Centrales Électriques des Flandres et du Brabant), qui exploite les centrales de Langerbrugge et d'Oisquercq, et avec la Société d'Électricité de la Campine (centrale de Mol) pour former ensemble les Sociétés Réunies d’Énergie du Bassin de l’Escaut s.a. – Verenigde Energiebedrijven van het Scheldeland n.v., en abrégé Ebes.
En 1968-1969, les sociétés d'électricité décident de construire deux centrales nucléaires de grande puissance en Belgique, l'une à Doel et l'autre à Tihange, de façon à ce que la Belgique dispose d'une certaine autonomie en matière énergétique.
Le mouvement de concentration reprend au début des années 1970. Le 21 novembre 1974, un accord est signé entre les sociétés Ebes, Electrogaz, Esmalux, Interbrabant, Intercom et U.C.E.-Linalux-Hainaut : c’est la « Convention de Base de regroupement des sociétés d'électricité ». Elle stipule que les opérations de fusion, d'apports ou de cessions devront aboutir à la création de trois grandes sociétés. La société « A » correspondra plus ou moins à Ebes ; la société « B » résultera de la fusion entre Intercom et Interbrabant ; la société « C » sera l'amalgame d'Electrogaz, d'U.C.E.-Linalux-Hainaut, d'Esmalux, du Gaz de Namur et du secteur Ebes d'Oisquercq. Cette société « C » est formée en 1976 sous le nom d'Unerg (acronyme d' « Unions de Centrales » et d' « Electrogaz »).
La centrale nucléaire Tihange I est mise en service le 1er octobre 1975 et son exploitation est confiée à Intercom. Les unités Doel I et Doel II sont mises en service dans le courant de 1975 et leur exploitation est confiée à la société Ebes. Entretemps, pour parer à la violence du premier choc pétrolier, les électriciens ont décidé d'un programme de développement massif du nucléaire, soit la construction de quatre unités de 1.000 MW, de manière à pouvoir faire face aux besoins énergétiques du pays jusqu'à l'horizon 1990. Doel III sera mis en service au 1er octobre 1982 et Tihange II, quatre mois plus tard.
En 1981, un accord important est passé entre producteurs privés et publics en vertu duquel la S.P.E., société coopérative de production qui regroupe les sociétés publiques Socolie à Liège, E.G.W. à Gand et West Vlaamse Elektriciteitsmaatschappij, prend une participation de 4% dans les unités nucléaires de Doel III et IV et Tihange II et III. Il est aussi convenu que l'État, via la S.N.I., souscrira en avril 1983 à 50% du capital de Synatom (l’organisme qui finance l’alimentation du pays en combustible nucléaire). De même, la S.P.E. entre aussi dans le capital des sociétés Gecoli, C.P.T.E. (Société pour la Coordination de la Production et le Transport de l’Énergie Électrique) et Laborelec.
L’étape finale de la restructuration du secteur électrique belge s’amorce en 1986 par la fusion des deux holdings (Electrobel et Tractionel) qui chapeautent les trois producteurs d’électricité (Ebes, Intercom, Unerg). Electrobel et Tractionel fusionnent en 1986 sous l’égide de la Société Générale de Belgique, principal actionnaire du nouvel ensemble qui prend le nom de Tractebel.
En janvier 1990, les conseils d'administration des trois entreprises privées du secteur électrique prennent la décision de procéder au regroupement de leurs activités en une société unique. La création de cette société est approuvée lors des assemblées générales extraordinaires des sociétés Ebes, Intercom et Unerg du 10 juillet 1990. La société Ebes, devenue à cette occasion Electrabel, absorbe successivement les autres producteurs et distributeurs de Belgique : Intercom, Électronucléaire, Interescaut, Sautrac, Société d'Électricité d'Eupen et Extensions… Unerg fait apport à Electrabel de ses branches d'activité de production et de transport d'électricité et change de nom pour devenir Powerfin.
Suite à ces différentes opérations, Electrabel devient le seul associé privé des intercommunales pour la distribution d'électricité. Tractebel détient directement 14% d'Electrabel et une forte majorité du capital de Powerfin, qui a en portefeuille 24% de la nouvelle société. Electrabel assure désormais quelque 94% de la production et la puissance installée de son parc de centrales atteint 13,5 GW. Elle couvre 87% de la consommation d'électricité du pays en la vendant en bloc soit à des industries, soit aux intercommunales mixtes auxquelles elle est associée.
Intérêt
Avec ce fonds, l’AVAE et les AGR ont réussi à préserver l'essentiel des archives historiques des principales sociétés électriques actives dans le nord du pays, avant la constitution d'Electrabel, en 1990.
Contenu
L'inventaire est découpé en cinq parties principales.
La première regroupe les archives de la société Electrabel elle-même, fondée en 1905 sous le nom de S.E.E. (Société d’Électricité de l’Escaut) s.a. et devenue en 1956 Ebes (Verenigde Energiebedrijven van het Scheldeland) n.v., alias Ebes (Sociétés Réunies d’Énergie du Bassin de l’Escaut) s.a.
La deuxième partie de l'inventaire comprend les archives de 31 sociétés qui ont été les filiales de l’entreprise S.E.E. - Ebes - Electrabel ainsi que de sociétés absorbées. Les 8 plus importantes de ces sociétés sont : 1/ la C.E.A. (Compagnie Électrique Anversoise) s.a., devenue ensuite C.A.P.F.E. (Compagnie Anversoise de Participations Financières et d’Entreprises) s.a. ; 2/ la C.P.T.E. (Société pour la Coordination de la Production et du Transport de l’Énergie Électrique) s.a. ; 3/ Esmalux (Société d’Électricité de Sambre et Meuse, des Ardennes et du Luxembourg) ; 4/ Interescaut (Société Générale Belge de Production d’Électricité) s.a. ; 5/ Intercom ; 6/ Interbrabant ; 7/ Sautrac (Société Auxiliaire pour la Fourniture d’Énergie de Traction) s.a. ; 8/ Unerg s.a.
On y trouve aussi les archives de plusieurs sociétés créées lors du démarrage de l’industrie nucléaire : Électronucléaire s.a. et S.E.N.A. (Société d’Énergie Nucléaire Franco-Belge des Ardennes) s.a.
La troisième partie de l’inventaire comprend les archives de quelques sociétés intercommunales créées à l’intervention des sociétés Electrogaz et Esmalux.
La quatrième partie comprend un lot d'archives de l’ancienne fédération professionnelle U.E.G.B. concernant les relations sociales au sein du secteur gaz et électricité. Ces archives complètent celles de l'U.E.G.B. classées par ailleurs.
La cinquième partie de l’inventaire est un petit lot d’archives relatives au C.G.E.E. (Comité de Gestion des Entreprises d'Électricité Affiliées à l'U.E.E.B.)