Archives de Tractionel
Conservées aux AGR depuis 1990.
Traitement : AVAE entre 1988 et 1990.
Masse : 400,5 mètres linéaires ou 11.819 articles.
Inventaire : publié (BRION, R et MOREAU, J.-L., Inventaire des archives du groupe Compagnie Mutuelle des Tramways, alias Traction et Électricité, alias Tractionel (1870-1989), série Inventaires Archives générales du Royaume 2 - dépôt Joseph Cuvelier, publication BE-A0545 / I 007, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2012).
Dates : 1870-1989.
Histoire de l'entreprise
Tractionel a pour origine la fondation de la Compagnie Mutuelle des Tramways, le 28 septembre 1895, par l’ingénieur belge Charles Charlier et l’ingénieur russe Ivan Likhatschev. La Mutuelle des Tramways avait pour vocation de créer et d’exploiter en Belgique et à l’étranger des entreprises de transports publics et « d’utiliser à tous usages industriels ou autres, publics ou privés, des forces susceptibles d’être employées pour la traction ». En quelques années, la société investit dans plus de cinquante entreprises de transport et d’éclairage dans le monde. La part essentielle de l’argent ainsi placé est consacrée au financement de sociétés filiales, c’est-à-dire des entreprises gérées directement par la Mutuelle de Tramways. Ces filiales exploitent des réseaux de tramways ou d’électricité à Agram (aujourd’hui Zagreb, en Croatie), Anvers et Ostende (Belgique), Belgrade (Serbie), Bialystok (Pologne russe), Calais, Dunkerque et Nantes (France), Galatz (Roumanie), Kazan, Kiew, Koursk et Saratov (Russie), Naples (Italie), Rosario (Argentine), Smyrne (empire ottoman), Tunis (Tunisie)…
Cependant le financement de tant d’affaires suscite des problèmes de trésorerie à la Mutuelle. Celle-ci n’est pas, à l’origine, adossée à un groupe bancaire important. Plutôt que de se laisser entraîner dans la spirale de l’endettement obligataire, la société entame des pourparlers avec la Société Générale de Belgique qui, jusque là, n'a que peu investi dans des affaires d’électricité. En avril 1910, la Générale souscrit à 50.000 actions de capital nouvelles de la Compagnie, soit la moitié du capital social. La Mutuelle devient de facto une filiale du groupe de la Rue Royale.
La guerre 1914-1918 et surtout la révolution bolchevique en Russie (1917) manquent porter un coup fatal à la Compagnie Mutuelle de Tramways. Les valeurs russes qu’elle détient en portefeuille doivent être amorties à concurrence de 17,61 millions, soit l’équivalent du capital de la société à l’époque. La société procède à un assainissement drastique de ses finances et repart sur un pied plus modeste, essentiellement grâce à ses réseaux de tramways et d’électricité de Nantes et de Bangkok. Son nom est modifié et devient "Électricité et Traction".
En 1926, la division des actions privilégiées de 500 FB de la société Électricité et Traction en 5 actions nominatives de 100 FB, ayant chacune droit à une voix, permet à la Société Générale de Belgique, détentrice de nombreuses actions privilégiées, d'affermir son contrôle sur Électricité et Traction. À partir de 1926, celle-ci est considérée par la Société Générale comme une société patronnée : elle bénéficie désormais de prêts accordés à des taux préférentiels. C'est la Société Générale qui lui confie vers cette époque le développement d’affaires nouvelles : la Société d’Électricité de la Campine ou la Société d'Électricité de Lodz. C’est aussi à l’initiative de la Société Générale de Belgique qu’Électricité et Traction s’intéressera à Distrigaz, une entreprise qui assurera le transport du gaz de cokerie à travers la Belgique. Au Congo, Électricité et Traction apporte son concours à l’Union Minière du Haut-Katanga, une autre filiale de la Société Générale de Belgique, qui exploite d’importants gisements de cuivre. Les deux sociétés créent ensemble la société Sogefor, concessionnaire de chutes d’eau au Katanga et pour laquelle Électricité et Traction étudie la construction de plusieurs centrales hydroélectriques. Ces travaux assurent un premier essor au bureau d’études d’Électricité et Traction.
En 1929, Électricité et Traction fusionne avec la Compagnie Auxiliaire d'Électricité et de Transport, sous-holding géré jusque-là en commun par Électricité et Traction et le groupe Empain. Une nouvelle société est formée à cette occasion, la Société de Traction et d'Électricité, en abrégé T.E., qui recueille la totalité de l'actif des deux anciennes.
Devenu le pôle de la Générale dans le domaine de l'électricité, T.E. n'est encore à l'époque que la juxtaposition d'affaires de tramways et d'électricité, certaines héritées des activités de la Mutuelle, d'autres apportées de plus fraîche date par sa société-mère. Ce n'est qu'avec le temps que ces éléments disparates vont, par symbiose, engendrer un groupe d'une réelle consistance.
La croissance de la société ne s'arrête pas à sa réorganisation de 1929. Le 14 décembre 1931, le capital social est porté de 120 à 190 millions en rémunération de l'apport d'un portefeuille de valeurs électriques. C'est la Société Générale qui conforte ainsi définitivement sa position en Traction. Elle en fait le vecteur de tous ses intérêts dans l'électricité et les transports en commun en Belgique et à l'étranger. Parmi les participations que la Générale apporte à Traction, il faut noter celles qu'elle possède dans la Compagnie Électrique Anversoise, dans la Société d'Électricité de l'Escaut, dans Intercom et dans Electrobel. Une partie des titres en question provient de l'héritage recueilli par la Générale lorsqu'elle a absorbé la Banque d'Outremer, en 1928.
La crise des années 1930 ralentit considérablement le mouvement des investissements. La reprise ne s’amorce véritablement qu’après la guerre, mais la société subit à cette époque la nationalisation de ses actifs en Europe de l’Est et en France.
Dans les années 1950, la direction du groupe Traction et Électricité craint la nationalisation du secteur belge de l’électricité et se lance dans de nouveaux secteurs d’activité : l’électrochimie et le pétrole. Elle prend aussi des participations dans l’industrie des métaux non ferreux (aluminium, notamment) et dans la Compagnie d’Anvers. En France, le groupe réinvestit les dédommagements que le gouvernement français lui a versés dans les secteurs les plus divers : épuration de l’eau, chauffage urbain, bois comprimé, travaux publics, etc.
Durant les vingt années qui suivent la création du Comité de Contrôle de l’Électricité, en 1955, Traction et Électricité joue un rôle considérable dans la restructuration du secteur électrique belge. Dès 1956, ses trois principales filiales belges (Électricité de l’Escaut, Électricité de la Campine et Centrales Électriques des Flandres et du Brabant) fusionnent pour former la société Ebes (Sociétés Réunies d’Énergie du Bassin de l’Escaut). En 1970, Traction et Électricité reprendra aussi la filiale de la Sofina, Esmalux, qu’elle apportera à la société Unerg trois ans plus tard.
Le 28 mai 1986, le conseil d’administration de Tractionel (nouveau nom adopté par Traction et Électricité en 1981 pour des raisons d'image et de notoriété) décide la fusion du groupe avec Electrobel pour constituer Tractebel (Compagnies Réunies Electrobel et Tractionel).
Intérêt
Le groupe (maison-mère et filiales) a été actif dans le secteur des services : exploitation de centrales et réseaux électriques, de réseaux de tramways, construction et exploitation de réseau de grand transport de gaz, ingénierie… Comme nombre de holdings, Tractionel a connu une grande diversification de son portefeuille entre 1950 et 1985, dans des secteurs comme l’aluminium, le pétrole, l’alimentation (produits surgelés), etc. En France, en particulier, le groupe a contrôlé les sociétés les plus diverses.
Contenu
Les archives se répartissent en 93 sous-fonds qu’on peut regrouper ainsi : archives des organes statutaires et de direction de la société (5 sous-fonds), archives des différents services (9 sous-fonds), collections documentaires (5 sous-fonds), archives d’organes où le personnel est représenté (4 sous-fonds), archives d’administrateurs et cadres (28 sous-fonds), archives propres de 39 filiales (39 sous-fonds), sous-fonds divers (2 sous-fonds), anciens inventaires (1 sous-fond).
Les archives concernent différents secteurs industriels : énergie (gaz, électricité, pétrole, charbon, nucléaire), transports en commun (tramways, autobus, chemin de fer), télécommunications (radiodistribution, télédistribution), ingénierie, métaux non ferreux (aluminium, manganèse…), construction métallique et électrique, bois comprimé, produits surgelés, chimie et électrochimie, ciment, épuration et distribution de l’eau, chauffage urbain, travaux publics…
Les pays concernés sont tout aussi divers : Argentine, Belgique, Congo, France, Grèce, Italie, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Thaïlande, Turquie, Ukraine… pour ne citer que les principaux.